La musique à distance

Continuer à enseigner la musique sans avoir les élèves devant soi, c’est le défi relevé par les enseignants du conservatoire de Gaillon.

« Poursuivre la formation musicale (le solfège), la pratique collective et continuer à jouer de son instrument… Avec le confinement, on s’est vraiment demandé comment nous allions faire ! » s’exclame Valérie Hubert, coordinatrice de la formation musicale et professeur d’accordéon au conservatoire de Gaillon depuis 1993. « Au début du confinement, on sentait les enfants un peu inquiets » ajoute Laurence Rimbert, coordinatrice du réseau scolaire et prof d’alto. Les professeurs et la direction ont pourtant trouvé rapidement une nouvelle organisation de travail. « Nous avons d’abord créé de nouvelles boites mails et avons convenu d’un moyen pour communiquer avec enfants et parents, indique Laurence Rimbert. Cela n’a pas été évident car les parents ont souvent besoin de l’ordinateur en journée pour télétravailler. Nous avons trouvé une organisation au cas par cas. » Une prouesse quand on sait que le conservatoire compte 550 élèves.

S’adapter aux nouvelles technologies

Pour la formation musicale, qui se pratique habituellement en groupe de 10 à 15 élèves, un enseignement par vidéos, partitions et fichiers audio est envoyé par mail. Des questions sont adressées aux élèves pour être sûr qu’ils ont bien compris la leçon. Par réflexe, quand il a fallu quitter le conservatoire, Valérie Hubert a emmené avec elle un maximum de partitions et en a scanné le plus possible. Elle ne le regrette pas aujourd’hui.

Les débuts étaient un peu angoissants, se souvient Valérie. Nous envoyions beaucoup de matière mais nous n’avions que peu de retour. Pour les professeurs, peu habitués à passer leur journée devant un écran d’ordinateur, le travail à distance a imposé 3 fois plus de temps de préparation, de réécriture, de recherche de vidéos, de fichiers audio. Mais finalement, petit à petit, tout le monde a trouvé son rythme.

Valérie voit même quelques bons côtés à cette nouvelle organisation de travail. « Humainement, il se passe des choses intéressantes. La relation professeur-élève évolue. Nous essayons d’envoyer des fichiers drôles et agréables pour que le moral reste bon. Tout ce travail et les efforts de chacun donnent un sens au service public » estime l’enseignante. Pour eux, l’important est que les élèves continuent de pratiquer. Ils jouent devant la caméra de l’ordinateur ou devant le téléphone, sont conseillés à distance. « Nous vérifions la position des mains, les fausses notes. Cela demande une adaptation à la technologie, mais tout le monde joue le jeu » constate Valérie Hubert.

Préparer la reprise

La musique est un bon moyen d’évasion face au confinement. « Cette période nous a appris à faire preuve d’imagination pour continuer notre travail et il y a certainement des choses que nous pourrons poursuivre quand nous reprendrons une vie normale » pense Laurence Rimbert. Coordinatrice du réseau scolaire, elle a envoyé des chansons aux instituteurs qui pourront aussi les transmettre à leurs élèves. Quand ils auront retrouvé leur classe, peut-être pourront-ils chanter ensemble pour célébrer le déconfinement. « Nous aussi, avons hâte de retrouver nos élèves. Si c’est le cas en juin, nous fêterons les retrouvailles avec une petite audition interne » annonce-t-elle. En revanche, le passage de cycle est indispensable et le conservatoire, agréé par l’Etat, doit s’y tenir. Ces auditions devraient avoir lieu début juillet, sur la base du volontariat.

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