« Nous avons tous conscience de l’état catastrophique des finances de l’Etat. Malgré le manque de visibilité et un projet de loi de finances pas encore connu, nous faisons le choix de voter un budget 2026 en décembre. L’autre solution aurait été d’attendre les élections municipales et la loi de finances mais nous aurions dû attendre jusqu’en mai » présente Bernard Leroy.
Le Rapport d’Orientation Budgétaire (ROB) présente les trajectoires de recettes et de dépenses, l’autofinancement dégagé, les investissements proposés et la capacité de l’Agglo à continuer à investir, grâce à son faible endettement et ses finances robustes.
Les dépenses doivent néanmoins être maîtrisées : pas de création de poste, des efforts continus pour faire des économies et une gestion rigoureuse, « ce qu’a d’ailleurs salué la Chambre Régionale des Comptes » souligne Bernard Leroy.
« A travers son DOB, l’Agglo réaffirme son ambition de partir des besoins du territoire pour orienter les investissements et garantir une gestion dynamique et responsable des deniers publics » poursuit le président.
Les priorités iront au développement économique et la création d’emplois non délocalisables, la décarbonation des logements, des mobilités et la création d’énergies renouvelables, la qualité de vie et de l’environnement, la solidarité entre les communes du territoire.
Les principaux chiffres
Les chiffres présentés par Jean-Marie Lejeune, vice-président aux finances, ont rassuré l’auditoire.
> Les recettes de fonctionnement ont augmenté de 15 M€ entre 2020 et 2025 et augmenteront encore de 2 M€ dans les 2 prochaines années.
> Les dépenses ont évolué également de 16 M€ mais stagneront l’année prochaine
> Les effectifs permanents restent stables et le nombre de vacataires est optimisé pour ne pas alourdir la masse salariale.
> L’épargne nette devrait se stabiliser à 15 M€ l’année prochaine (contre 14 M€ en 2025)
> Les dépenses d’investissements en 2026 devraient être de 34,1 M€
Néanmoins, le projet de loi de finances de l’Etat devrait priver l’Agglo de 5 M€, chaque collectivité devant faire un effort pour désendetter le pays.
Esprit de solidarité
« On voit que notre agglomération fait des envieux. La situation n’est pas la même dans les collectivités autour de nous. Néanmoins, on ne sait pas aussi ce qu’il adviendra de la CVAE (taxe sur les entreprises) et avec le désengagement de l’état, les communes risquent de se tourner vers l’Agglo pour mener à bien leurs projets. Car il y a fort à penser que le Département ne pourra pas faire grand-chose pour elles » souligne Daniel Jubert, élu à Louviers.
S’il rejoint les propos de Daniel Jubert, Albert Nanyoula (Pont-de-l’Arche) rappelle que « cette logique de bonne gestion est une constante à l’Agglo. C’est le fruit d’un effort partagé depuis des décennies ». Philippe Collas souhaite aussi que « ce travail collectif et cet esprit de solidarité perdurent. Cela me semble indispensable pour le bien de nos communes ».
L’avenir des communes, justement, inquiète le maire de Pont-de-l’Arche. « Malgré la solidarité que nous devrons montrer pour remonter les finances de l’état, on ne peut que constater son désengagement. Il est donc difficile d’avoir une prospective à 10 ans. Il faut se réjouir de la bonne santé financière de notre Agglo. Elle se doit de rester vigilante car il faudra certainement opérer des choix à l’avenir. Nous devons nous atteler à un certain nombre de priorités. Si nous voulons aller encore plus loin en matière de transition, il faudra les financer. Il y a aussi la culture du risque : nous assistons à des événements climatiques de plus en plus violents et fréquents et nous devrons nous y préparer. Consommer moins de terres cultivables signifie aussi réaliser nos projets sur du foncier existant, donc déconstruire, dépolluer, désamianter. Cela a un coût. Le futur conseil communautaire devra certainement se poser toutes ces questions. »
Pour René Dufour (Les Damps), « avec le vieillissement de la population, l’action sociale va elle aussi monter en puissance. Des fonds pour le CIAS (centre intercommunal d’action sociale) seront nécessaires. Pour autant, il faudra réussir à boucher le déficit colossal de la France ».
Joris Bénier (Les trois Lacs) « partage les analyses, les inquiétudes et les satisfactions, mais ces bons résultats sont le fruit d’investissements bien ciblés, de la création d’écosystèmes comme celui des métiers d’art ou du tourisme. Tout ce qui a été fait en matière de tourisme a aussi des répercussions. La restauration (par un couple de privés) du Château du Montmartin par exemple, profite aux artisans et commerçants d’ici. Les décisions de l’Agglo ont des répercussions sur l’économie locale ».
Bernard Leroy s’est voulu rassurant. « L’Agglo a des finances solides. Certes, il y a des trous devant nous : il nous faut de bons amortisseurs et ne pas lâcher le volant ».