« Avant, ces déchets de céréales n’étaient pas valorisés. Aujourd’hui, ils sont une ressource. Cette diversification des revenus compense la baisse régulière des revenus agricoles par un apport financier stable et nos exploitations deviennent plus résilientes pour les générations futures » explique Camille Oeyen, directrice générale de Gaz Part 27.
Avec son mari Hugues, ils sont l’une des 8 exploitations agricoles (de Surville, La Haye-le-Comte, Surtauville, Venon, Ecrosville) engagées dans ce vaste projet d’unité de méthanisation, inaugurée vendredi 27 juin.
Le projet est né fin 2019 d’une réflexion sur la valorisation des effluents agricoles. Les travaux ont démarré en 2022 et le méthaniseur est entré en fonctionnement en juin 2023. Les déchets des céréales, déchets de silo, pulpe de betterave, lisier porcin et bovin, déchets de brisures de fèves de cacao et culture dédiée (dans la limite de 15%) peuvent désormais l’alimenter quotidiennement.
« Deux trémies reçoivent la matière solide et liquide, qui passe ensuite dans des mélangeurs pour que les bactéries soient brassées et se développent. La fermentation dure 90 jours » détaille Victor Manchon, président de la sas Gaz Part 27.
Au terme du processus, le biométhane est revendu à Engie et injecté dans le réseau GRDF situé en bas de la côte de Surville, à 2 km de distance. « Le site de la Haye-le-Comte n’a pas été choisi par hasard. Il devait être éloigné des habitations, facile d’accès, proche de la route départementale et proche du réseau de gaz » précise Camille Oeyen.
3 500 logements chauffés au gaz vert
L’unité de méthanisation produit 210 Nm3/h de gaz vert (à partir de 18 000 T/an de matières), soit l’équivalent de la consommation de 3 500 logements chauffés au gaz. Cette production évite l’émission de 3 600 tonnes de CO2 par an.
« Cette unité nous permet de diversifier notre production, sécuriser nos revenus, pérenniser nos fermes, souligne Victor Manchon. Devant les aléas climatiques et de production, les exigences sociétales, nous avons décidé de ne pas subir. Avec ce méthaniseur, nous prouvons qu’une ferme peut produire pour l’homme, l’animal, l’énergie, l’environnement et crée du lien. »
Cette unité produit 3% des consommations de gaz de l’Agglo Seine-Eure. « Vous prouvez que la vocation première de l’agriculture, celle de nourrir, n’est pas incompatible avec la production de méthane. Grâce à des projets comme celui-ci l’agriculture change, s’adapte, produit une énergie durable et décarbonée. Depuis 10 ans, l’Agglo Seine-Eure décarbone tout ce qu’elle peut (transport, logement, industrie) et vous vous inscrivez pleinement dans cette démarche » a félicité Bernard Leroy. L’investissement, de 8,7 M€ a reçu une aide de l’Europe, par l’intermédiaire de la Région, de 1,7 M€.