Agriculture / alimentation

Quand la bière rapproche les producteurs normands

L’association Houblons de Normandie a convié ses adhérents, lundi 25 août, à visiter la parcelle de Houblonn’Eure, installée sur le site des Hauts Prés. Vincent et Pierre Lefebvre y cultivent différentes sortes de houblon bio qui ont intéressé les brasseurs présents.

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La trentaine de personnes présentes sont houblonniers comme Vincent et Pierre, ou brasseurs. Tous s’intéressent en tout cas à la culture du houblon, en Normandie, à proximité de leur propre entreprise.

L’association Houblons de Normandie s’est créée en 2019 pour fédérer les partenaires et permettre aux producteurs de s’entraider. « Pour l’instant, nous sommes 7 producteurs normands mais il en existe peut-être d’autres qui ne nous ont pas encore rejoints »  indique Benoît Lamy, président de l’association. Il existerait également 113 brasseries en Normandie dont les besoins en houblon s’élèvent à 26 tonnes. Les houblonniers normands sont encore loin du compte pour pouvoir répondre à cette demande, mais s’y emploient, année après année.

Pierre et Vincent Lefebvre préparent, en septembre, leur 2e récolte. Ils ont créé la société Houblonn’Eure en février 2023 sur près de 4 hectares, aux Hauts Prés. « Nous cultivons 6 variétés : la Nugget, Chinook, Cascade, Spalta-Select, Brewer’s gold et Marynka. Ca va de l’aromatique, l’amérisante aux variétés mixtes » détaille Vincent Lefebvre.

La récolte devrait être bonne cette année. En septembre, les deux houblonniers passeront les grandes lianes (qui s’élèvent à 6,75 m) dans la machine qui séparent les feuilles des cônes. Les feuilles sont broyées tandis que les cônes tombent dans des bacs, qui sont ensuite acheminés automatiquement vers le séchoir. « Nous déposons les cônes sur une épaisseur de 30 cm, sur 3 niveaux et nous chauffons à à 50-60° pour garder les huiles essentielles. Les cônes sont secs en 6 heures » détaille le producteur. Ils sont ensuite transformés en pellets, ensachés, et placés en chambre froide, prêts à être commercialisés auprès des brasseurs.

Privilégier les producteurs normands

« Pour nous, c’est particulièrement intéressant, admet Timothée Lecoq, qui a repris la brasserie des deux amants, également implantée aux Hauts Prés. Peu de brasserie ont la chance d’avoir du houblon à portée de vue. On ne peut pas faire plus près ! Nous voulons soutenir la démarche du circuit court et utiliser du houblon de Normandie dans nos bières normandes » affirme-t-il.

La visite de la production a aussi incité la brasserie Spore, à Gravigny, d’utiliser le houblon des Hauts Prés. « Actuellement, nous achetons du houblon aux Etats-Unis, en Belgique, Allemagne et Alsace. Petit à petit, nous essayons de privilégier les producteurs européens et maintenant français. Nous faisons tous les ans une bière de récolte et aimerions cette année que ce soit avec le houblon des Hauts Prés, annonce Frédéric Fillion, brasseur. Créer des recettes purement locales nous motivent ! »

Faire d’une contrainte une opportunité

C’est aussi, en partie, pour se débarrasser des contraintes américaines qu’Aurore Jeanson était présente aux Hauts Prés. Elle vient de racheter la brasserie La Fort Mignonne, à Formigny, à 3 km d’Omaha Beach. « Nous ne pouvons plus utiliser le houblon américain alors c’est l’occasion de nous recentrer sur le local. Cela nous oblige à modifier un peu nos recettes, mais nous voulons faire d’une contrainte une opportunité » souligne l’entrepreneuse.

Quelles que soient les raisons de leur venue, ces portes ouvertes ont permis aux producteurs et brasseurs de se rencontrer, d’échanger, et peut-être mettre leur talent en commun, au profit d’une bière 100% normande.

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