Culture

Quand le château de Gaillon accueillait des réfugiés espagnols

En 1939, quelque 500 000 Espagnols, pour la plupart républicains, ont passé la frontière française pour fuir la guerre civile et la dictature de Franco. Parmi eux, les arrière-grands parents de Lydie Turco. Documentariste et photographe, elle consacre une exposition à ces réfugiés espagnols, visible au château de Gaillon jusqu’au 18 octobre.

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Intitulée « Stratégie de l’effacement », cette exposition explore l’histoire espagnole de la famille de Lydie Turco mais aussi de nombreuses familles de réfugiés. Photos, lettres, archives, portraits de familles hébergées en France, retracent cette période trouble de l’Espagne qui aura aussi des répercussions en France.

« Entre fin janvier et début février 1939, 500 000 personnes ont passé la frontière pour sauver leur peau. La France n’a pas eu d’autres choix que de les accueillir. Ils ne sont pas acceptés pour autant. Les hommes et les femmes sont séparés : les hommes sont envoyés dans des camps et les femmes et enfants répartis dans 70 départements français. C’est ainsi que mon arrière grand-mère est arrivée à St-Jacques de la Lande, dans la banlieue de Rennes » raconte Lydie Turco, réalisatrice de documentaire et photographe.

C’est pour tenter de retracer l’histoire de ses arrière grands-parents que l’idée d’une exposition est née. Elle fait le lien entre hier et aujourd’hui. L’exposition est organisée autour de 10 blocs pour 10 lieux. « Pour chaque bloc, on trouve la trace ou la non-trace du lieu où étaient hébergés les femmes et enfants, une photo réalisée à la chambre photographique de 1955 et des photos des descendants pour bien prendre en compte la lignée familiale ; une archive et un récit de famille » détaille la documentaliste. Pour certaines parties de l’exposition, elle a travaillé avec une historienne qui a écrit une thèse sur la résistance des femmes dans ces lieux.

Des réfugiés au château de Gaillon

Parmi les dix lieux sélectionnés par Lydie Turco, un se situe en Normandie : l’asile départemental de Grugny. Mais le château de Gaillon fait aussi partie de l’exposition. « L’Etat français avait demandé aux préfets de France de répertorier tous les lieux inoccupés. C’était le cas du château de Gaillon. 400 personnes y ont été hébergées puis ont été transférées à la colonie de Douairs. J’ai recueilli le témoignage de 2 enfants de l’époque qui avaient 3 et 11 ans et qui habitent toujours Gaillon » indique Lydie.

Son exposition consacre 4 vitrines à Gaillon, dans lesquelles les visiteurs peuvent trouver des objets, des récits, des archives. L’objectif de cette exposition est de combler les lacunes du récit officiel, de préserver la mémoire collective, et de susciter la réflexion sur les exils forcés et l’accueil des réfugiés. Elle révèle ce qui a été effacé dans le passé, invite à la réflexion sur les thèmes de l’exil, de la migration, de l’oubli, et de la mémoire.

Au château de Gaillon jusqu’au 18 octobre.

 

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