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Hermès inaugure une nouvelle maroquinerie à Louviers

Hermès confirme son ancrage sur le territoire Seine-Eure en inaugurant ce vendredi, la maroquinerie de Louviers. Le bâtiment de briques, classé haute performance environnementale emploiera à terme 280 personnes.

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Après Hermès Parfums au Vaudreuil en 1977, la maroquinerie de Normandie, à Val-de-Reuil en 2017, l’école des savoir-faire à Louviers en 2022, Hermès a inauguré aujourd’hui la maroquinerie de Louviers.

C’est la 21e du groupe. 170 artisans maroquiniers et selliers (ils seront 260 à terme) fabriquent des sacs, de la petite maroquinerie, des selles et des brides. « Il s’agit de notre premier atelier sellerie hors de Paris, souligne Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie sellerie. Depuis toujours, la sellerie se trouve rue du Faubourg St-Honoré. Nous y étions à l’étroit. Installer un deuxième atelier en Normandie, terre d’équitation, a du sens. »

 

Un bâtiment à énergie positive

La maroquinerie s’étend sur 6 200 m2. Dans un souci de perfection de l’architecte franco-libanaise Lina Ghotmeh, la maille architecturale du bâtiment est un carré de 90 m de long quand le carré de soie Hermès fait 90 cm. « Lina Ghotmeh a valorisé, à travers ce bâtiment, le vrai, le bien, le beau. Elle a réalisé un écrin incroyable pour que les artisans maroquiniers fassent du beau dans du beau » a remercié Axel Dumas, dirigeant d’Hermès, à l’attention de l’architecte.

C’est le premier bâtiment industriel labellisé E4C2 (bâtiment à énergie positive et bas carbone). « Le bilan carbone a été particulièrement réduit lors de la conception du bâtiment et celui-ci est peu énergivore dans son fonctionnement » traduit François-Pierre de Feydeau, directeur du site.

Construit à partir de 500 000 briques produites à 70 km de Louviers, composé d’arches qui rappellent le galop du cheval, il s’inscrit à la fois dans la tradition et la modernité. L’autonomie énergétique est assurée par la géothermie (13 sondes de 150 m. de profondeur) et 2 300 m2 de panneaux photovoltaïques. La conception des locaux permet de privilégier la lumière naturelle et des panneaux aux murs et aux plafonds atténuent les bruits ambiants, offrant aux artisans maroquiniers un plus grand confort de travail.

La signature de l’artisan maroquinier

Chacun à son atelier, les artisans maroquiniers fabriquent leurs produits de A à Z. Les pièces de cuir ont d’abord été découpées dans les plus beaux cuirs, du veau généralement. « L’endroit de la peau dans laquelle les pièces sont découpées est choisi en fonction de sa résistance et de son élasticité » explique Agathe Gayer, artisan coupe-table, qui travaille depuis 5 ans chez Hermès.

Il faut ensuite entre 15 et 25 heures pour réaliser un sac. Chaque artisan (en grande majorité des femmes), maîtrise à la perfection le point sellier (chaque point est noué), réalisé avec du fil de lin.

Sur la table voisine, Peggy Loison perle les sanglons du sac Kelly 25. Le perlage consiste à donner à une petite pièce métallique la bonne forme, le bon arrondi en le martelant avec un petit instrument. « Il faut être très précis. La bijouterie (petites pièces métalliques d’un sac) ne tolère aucune rayure » montre-t-elle. Une fois terminé, l’artisan pourra apposer sa signature sur l’objet de maroquinerie qu’il a réalisé.

Des selles pour gagner

Dans l’atelier sellerie, Marie Lefeuvre, a la même minutie et apporte le même soin à la selle qu’elle fabrique. Formée au Haras du Pin, dans l’Orne, cette artisan sellier-harnacheur, passionnée d’équitation (elle a le galop 5) apprécie tout particulièrement quand elle crée le creux du siège. « C’est à ce moment que je vois vraiment la selle prendre vie » confie-t-elle.

Selon elle, avoir une culture équestre est un plus, mais pas obligatoire. « Ce sont des métiers de passion, qui demandent beaucoup de technicité, estime Emmanuel Pommier. Une bonne selle contribue à la réussite des plus grands concours hippiques. »

Il faut une semaine pour réaliser une selle, et Marie, comme ses collègues, est repassée par l’école des savoir-faire d’Hermès pour parfaire sa formation. ce centre de formation a ouvert l’année dernière, à Louviers, et délivre un CAP maroquinerie. L’école forme les artisans à l’excellence dans les métiers de coupe, de table et le développement de leur polycompétence.

« Soyez fiers de ce que vous faîtes, a insisté Axel Dumas en s’adressant aux quelque 500 artisans réunis pour l’inauguration. Chaque objet que vous fabriquez est merveilleux et envié dans le monde entier. Cette maroquinerie est aujourd’hui la vôtre. Je vous souhaite d’y être très heureux. »

Un site prédestiné à la couture

Comme l’ont rappelé Axel Dumas et Bernard Leroy, président de l’Agglo, les archéologues ont retrouvé sur le site d’Hermès, des tailles d’objets qui laissent à penser qu’il y a 13 000 ans, on faisait des aiguilles et on travaillait le cuir. « Ce n’est donc pas un hasard si vous êtes là, a souri Bernard Leroy. Aujourd’hui, vous voulons partager avec vous le goût du beau, du travail bien fait et donner à chacun la possibilité de révéler ses talents, de s’épanouir et de faire rêver. »

Il fallait pourtant réussir à se projeter à la vue de la friche industrielle (anciennement Cinram) qu’était ce site de 12 ha, il y a encore 8 ans. « Il a fallu diagnostiquer, désamianter, dépolluer, déconstruire pour libérer les 4 ha dont vous aviez besoin » a rappelé le président de l’Agglo.

Aujourd’hui l’emploi remplace les licenciements, une entreprise du luxe remplace l’industrie du disque et surtout l’écosystème du luxe et des métiers d’art créé par l’Agglo ces dernières années, s’enrichit d’une maison exceptionnelle. « Hermès, ce n’est pas une marque, c’est un nom, félicite Hervé Morin, président de la région Normandie. Quand on a la chance qu’Hermès s’installe sur son territoire, on veut porter ce message sur toute la planète. Vous êtes vecteur d’attractivité et de rayonnement pour toute la Normandie. »

 

 

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